L’ours noir du Canada

Quand les hommes sont entrés pour la première fois en Amérique du Nord, il y a environ 15 000 ans, avant Christophe Colomb, tous les coins du continent étaient occupés par des ours.

Le grizzli se trouvait jusqu’à la pointe de l’Alaska au nord, dans tous les États de l’Ouest et jusqu’au Mexique au sud. L’ours noir, apparenté au grizzli, mais avec certaines différences morphologiques, physiologiques et comportementales, parcourait l’Amérique du Nord du Pacifique à l’Atlantique.

L’ours noir constituait pour les Amérindiens une source précieuse de peaux épaisses pour s’habiller et se loger, de graisse sucrée riche et de viande. Les particularités uniques de l’ours lui-même ont fourni l’essence de leurs légendes. Elles transmettent les croyances et les rituels d’une tribu, enseignent aux jeunes, divertissent les auditeurs et préservent l’histoire. Ces légendes sont transmises aux Amérindiens par le biais d’une tradition orale appelée la narration. On y décrit comment un animal a acquis une caractéristique physique, tandis que d’autres parlent de ses relations avec les humains ou d’autres animaux sauvages.

Quand les colons américains primitifs ont trouvé des ours noirs en abondance à leur arrivée, ils représentaient plus qu’une source de nourriture. Les colons avaient des comportements et des perceptions européens ; on considérait la nature sauvage comme une menace, tout comme les animaux sauvages qui y vivaient. La prime d’un penny pour un loup mort dans la colonie de la baie du Massachusetts est devenue monnaie courante pour la chasse aux prédateurs. Les ours représentaient une menace pour leurs récoltes, leurs familles, leur avenir et leur bétail. Dans les livres sur la nature de l’époque, cette attitude est apparue dans les livres populaires qui montraient des animaux tels que des ours attaquant des chasseurs ou des aigles s’envolant avec des enfants.

Non seulement les colons tuaient les ours avec leurs fusils mais le défrichage, la coupe et le brûlage ont transformé les terres boisées en champs et pâturages agricoles ouverts. Les ours noirs ont perdu une grande partie de leur habitat d’origine au fur et à mesure que la vague d’humains s’étendait, et leurs populations se sont limitées à certaines des régions d’Amérique du Nord les plus marécageuses, sauvages et montagneuses.

Au milieu des années 1800, les ours noirs furent soumis à la pression d’une chasse non réglementée pour leur graisse, leur viande et leurs peaux. Les ours, en raison de leur faible taux de reproduction, se rétablisserent plus lentement des pertes de population que les autres mammifères d’Amérique du Nord. Au début des années 1900, le nombre d’ours noirs atteignit presque le point d’extinction dans de nombreuses régions du pays. Les États-Unis ont fini par prendre conscience de l’importance de la gestion de la faune, y compris de la situation critique de l’ours noir. Les saisons de chasse sont devenues, au milieu des années 1900, très contrôlées, et les programmes de restauration des ours ont commencé dans certains États. Les forêts qui avaient été coupées et brûlées des décennies auparavant ont recommencé à croître dans de nombreuses régions. Les ours noirs ont commencé à revenir à mesure que leur habitat sauvage se rétablissait. Au début des années 1980 et jusqu’au début du XXIe siècle, on a observé une augmentation du nombre d’ours noirs de 2 % par année à l’échelle du continent.

Si les ours noirs n’ont pas récupéré la totalité de leur aire de répartition d’origine en Amérique du Nord, leurs populations ont fortement augmenté. Un plus grand nombre d’États signalent en outre que les ours noirs habitent des régions qu’ils n’ont pas fréquentées depuis près de 100 ans. Mais les humains continuent d’empiéter sur l’habitat de l’ours et de nos jours, les ours noirs et les humains se disputent de plus en plus les mêmes composantes d’habitat.